Elena arriva, a bout de souffle, dans une petite clairiere de la foret. Trop essoufflee pour faire un pas de plus, la jeune femme s'appuya contre un arbre, et reprit doucement sa respiration.

Damon... haleta-t-elle.

Elle savait qu'il l'avait forcement entendue. Il ne pouvait pas etre parti tres loin, de toute facon, et elle n'avait pas encore retrouve une respiration suffisante pour hurler son prenom de toute facon.

Tandis qu'elle s'appuyait contre ce tronc, extenuee, la demoiselle reflechit a ce qu'il s'etait passe, et secoua la tete, desesperee, perdue, ne comprenant pas un traitre mot de la conversation qui avait eu lieu auparavant.

Alors, Katherine avait embrasse Stefan, il ne s'etait pas defendu... Il avait refuse de faire du mal a Elena, une fois qu'il avait reussi a se maitriser. Il l'aimait probablement encore. Mais alors, pourquoi avoir parle de maniere aussi blessante quand elle lui avait... ouais, bon, elle lui avait vaguement lance des paquets d'insultes pas forcement meritees a la figure. Apres tout, il n'avait fait que le necessaire pour sauver son frere.

Son frere, qui cavalait dans la foret apres avoir entendu les commentaires blessants de l'humaine, qui se mordit la levre. Elle venait de perdre les deux freres en quelques minutes.

Bravo, Elena. Alors la, bravo, vraiment, t'es brillante ! Pauvre cruche ! s'insulta-t-elle a voix haute, se prenant la tete dans les mains, avant de se laisser glisser dos au tronc pour terminer assise sur le sol froid.

Quelques conclusions a tirer de ceci : Elena parlait toute seule, elle regrettait vraiment, elle s'insultait toute seule comme si elle n'avait pas assez souffert aujourd'hui et elle venait d'utiliser l'insulte la plus minable de ce siecle.

Elle ne comprenait pas comment elle avait pu se comporter aussi betement, comment elle avait pu etre aussi egoiste. Damon n'avait pas besoin qu'on lui rappelle qu'il etait seul au monde et qu'elle avait menti en lui disant qu'elle lui pardonnait - et puis, elle ne savait pas au juste si elle lui pardonnait ou non. Et Stefan avait fait des efforts pour se controler, et elle l'avait traite comme un moins que rien. Elle avait non seulement risque sa vie, mais en plus, elle avait termine sa relation avec lui et son amitie, bien precaire, avec son grand frere.

Damon, s'il te plait, viens ici. Je.. S'il te plait, Damon. Reviens...

Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait dire de plus. Elle n'avait aucune idee de ce qu'elle dirait, s'il revenait. S'il l'aimait encore assez pour venir. N'avait-il pas assez souffert avec Katherine ? Ne valait-elle pas mieux que son aieule ?

Elena ne put tenir plus longtemps ; les larmes qu'elle avait accumulees pendant ce trop long moment passe en compagnie de Stefan, le vampire qu'elle avait aime plus que tout, celui pour qui elle avait ete prete a tout sacrifier, coulerent enfin sur ses joues, alors qu'elle hoquetait, osant enfin pleurer, ne faisant plus attention a Damon qui l'entendait peut-etre. Elle se fichait de toute presence ici, elle ne pouvait juste pas rester impassible plus longtemps. Elle ne pouvait pas se calmer.

J'aime pas Damon !

S'asseyant sur une souche d'arbre, le jeune homme reprit son souffle. Son combat contre Stefan l'avait épuisé - depuis la morsure du jeune Lockwood, Damon se fatiguait d'une manière particulièrement rapide - et les paroles d'Elena lui avaient porté le coup de grâce. Elena. Cette fille s'était fichue de lui, comme Katherine l'avait fait deux cents ans auparavant. Elle l'avait manipulé, trahi, humilié... et pourtant, son amour pour elle n'avait jamais failli. Jamais.

Damon releva la tête et se passa la main dans les cheveux. Pourquoi fallait-il que les femmes soient si cruelles ? Il s'était offert corps et âme à Katherine, et qu'avait-elle fait pour le remercier ? Elle avait détruit sa vie en le transformant en une bête sanguinaire et lui avait brisé le cœur sans éprouver le moindre scrupule. Avec le recul, le vampire se demandait même comment il avait fait pour tenir le coup.

Après sa transformation, Damon avait perdu toute confiance en lui: la femme qu'il aimait était morte - du moins, c'est ce qu'il croyait - et son frère ne lui était plus d'aucun secours. Plusieurs fois, il avait songé au suicide: un rayon de soleil et hop, plus de Damon ! Plus de souffrance, plus de solitude, plus de souvenirs plus douloureux les uns que les autres, plus rien. Une perspective assez alléchante, n'est-ce pas ? Puis, un beau jour, il avait repris le dessus, sans même savoir pourquoi. La soif de sang, sans doute.

Perdu dans ses souvenirs, Damon n'entendit même pas la voix qui appelait désespérément son nom. Depuis peu, le vampire avait honte de son passé. En effet, son comportement dans les années 1900 n'était pas des plus exemplaires et cela n'aurait sûrement pas changé d'un pouce si le vampire n'avait pas rencontré Elena. Cette petite brune pleine de vie, si souriante... elle avait réussi à lui tourner la tête. Ridicule. Absolument ridicule, songea soudain Damon. Moi, un vampire vieux de plus de 150 ans, connu dans toute la région pour être impitoyable, me voilà éperdument amoureux d'une adolescente qui - cerise sur le gâteau - serait prête à mourir pour mon frère et préfèrerait donner sa vie plutôt que de me donner une chance.

"S'il te plait, Damon. Reviens..."

Les yeux humides, le vampire tourna finalement la tête en direction de la voix féminine qui semblait provenir d'un buisson. Un peu plus et il aurait juré que c'était Elena qui venait de l'appeler; décidement, cette fille l'avait vraiment rendu fou à lier. Tout a coup, le doute envahi Damon. Il essuya ses yeux d'un revers de main et avança lentement à travers la forêt. Mais lorsqu'il entendit clairement des pleurs, le vampire oublia sa douleur et se mit à courir de toute ses maigres forces jusqu'à la clairière la plus proche. Et lorsqu'il aperçu Elena, sa réaction fut instinctive: il se précipita vers elle, se baissa et chassa les larmes qui roulaient le long de ses joues. Puis, réalisant ce qu'il venait de faire, il ôta sa main plus vite que s'il avait posé sur une plaque chauffante. Pensant avoir compris la raison de son désespoir, Damon fixa Elena et passa une main dans ses cheveux.

"Tu sais, tu ne dois pas en vouloir à mon frère, dit-il avec un sourire triste. Il... il a fait ça pour me sauver la vie et même si t'attaquer était inacceptable, il ne pensait pas à mal. Tu comprends Elena ? Il t'aime, ça j'en suis sûre. Sans doute même plus que moi, alors tu ne dois pas le laisser tomber maintenant."

Tout en prononçant ses paroles, Damon comprit qu'elles étaient aussi valables pour lui. Stefan avait sacrifié sa vie, ses amis et son unique amour pour le sauver. Malheureusement, le vampire avait parfois tendance à l'oublier. Laissant échapper un soupir, il s'assit en tailleur et attendit.

Les jambes croisées, Damon attendait patiemment la réponse d'Elena. Vu ce qu'elle pense de moi à l'heure actuelle, je ferais mieux de m'enfuir si je ne veux pas me faire arroser d'insultes en tous genres, songea Damon. En même temps, il est hors de question que je la laisse seule au milieu de la forêt, qui plus est dans cet état ! Mais ce que la jeune fille lui répondit, le vampire ne l'avait pas vu venir. Elle entrouvrit la bouche, affichant un air surpris, puis attrapa les mains du jeune homme.

- Je ne pleure pas a cause de lui, Damon, répliqua Elena dans un souffle. Je sais déjà tout ce que tu m'as dit. C'est juste... je... Je suis désolée, Damon. Pour ce que j'ai dit. Je...

Interloqué, le jeune homme ne pipa mot. Est-ce qu'elle regrettait vraiment ses paroles ? Cela n'avait aucun sens, hier encore, elle le détestait ! Elle avait même clairement expliqué qu'il n'était qu'un fardeau, un poids supplémentaire dans sa vie déjà riche en bouleversements. Trop abasourdi pour esquisser le moindre geste, Damon se contenta d'écarquiller les yeux. La voix brisée, Elena continua:

- Je suis contente que tu sois la, Damon. Je ne veux pas que tu partes d'ici. Et tu vaux bien plus que ce que...

Décidément, le jeune homme ne savait plus quoi penser. Il cligna des yeux plusieurs fois et déglutit avant de murmurer un minuscule "Comment ?". Le discours qu'il venait d'entendre lui semblait si... irréaliste, qu'il osait à peine y croire. Si Elena n'avait pas l'air si bouleversée, le vampire aurait sûrement crû à une mauvaise blague. Ne l'ayant visiblement pas entendu, Elena se remit à pleurer et serra les mains de Damon.

- Me laisse pas toute seule... supplia la jeune fille.

Alors lentement, presque religieusement, Damon s'approcha d'Elena et attrapa son visage de ses mains. Je ne te laisserai jamais Elena, voilà ce qu'il voulait lui crier ! J'en suis tout bonnement incapable, je t'aime bien trop pour t'abandonner. Un sourire éclaira son visage et le vampire plongea son regard dans les yeux de la jeune fille.

- Je ne partirai que si tu me le demandes, murmura Damon.

Approchant ses lèvres des siennes, le vampire frissonna et effleura la bouche d'Elena avant de reculer. Étrangement, son visage exprimait une terreur presque palpable. Damon releva alors la tête et remit en place une mèche rebelle derrière l'oreille de la jeune fille.

- Écoute, si c'est encore un de tes pièges, je risque de le prendre vraiment mal, dit-il lentement.